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Charge mentale homme vs femme : quelles différences ?

Temps de lecture : 9 minutes environ

La charge mentale, vous connaissez ? Ce concept invisible qui pèse lourdement sur les épaules de nombreux parents. Mais saviez-vous qu’elle diffère selon les genres ? On en parle souvent pour les femmes, mais les hommes ne sont pas en reste, notamment avec le stress lié au monde du travail. Alors, comment cette fameuse charge mentale se répartit-elle au sein des couples modernes ? Pourquoi pèse-t-elle si lourdement sur les femmes, et quels en sont les impacts sur le bien-être de chacun ? Aujourd’hui, on explore ensemble cette réalité complexe et souvent inégale.

charge mentale homme vs femme

La charge mentale, c’est ce fardeau invisible, constant et incontournable. Pour les femmes, elle est principalement liée à la gestion du foyer et de la famille. Pour les hommes, elle se concentre souvent sur les exigences professionnelles et la pression économique. Pourtant, comprendre cette répartition et ses impacts est essentiel pour améliorer la qualité de vie des couples et réduire les inégalités.

Définition de la charge mentale

La charge mentale, selon Nicole Brais, chercheuse à l’Université Laval au Québec, est « un travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence ». Elle englobe la charge cognitive associée à la gestion des tâches domestiques, plus que leur simple exécution. Ce fardeau invisible repose principalement sur l’anticipation : planifier les repas, coordonner les activités des enfants, penser aux courses, et tout ce qui concerne la logistique du foyer. En somme, c’est une gymnastique mentale permanente.

Cette charge mentale est particulièrement lourde pour les femmes, car elle se conjugue souvent avec une carrière professionnelle. Le concept de la double journée est ainsi formalisée en 1984 par Monique Haicault : une journée de travail rémunéré, suivie d’une « deuxième » journée dédiée aux tâches ménagères et à la gestion du foyer. Cette double charge crée un épuisement mental constant qui ne laisse que peu de place au repos ou à la détente.

Historiquement, les femmes ont été assignées à la gestion de la maison et des enfants, tandis que les hommes étaient chargés de pourvoir aux besoins économiques de la famille. Bien que la société ait évolué et que les femmes aient largement investi le monde du travail, cette répartition des responsabilités n’a pas évolué au même rythme. En effet, la charge mentale domestique continue de reposer principalement sur les femmes, créant ainsi des déséquilibres dans la vie quotidienne et des inégalités structurelles.

La charge mentale féminine

La charge mentale des femmes est fortement liée aux tâches domestiques, à la gestion de la famille et à l’organisation quotidienne. Cette charge ne se limite pas à l’exécution des tâches ménagères ; elle inclut également tout le travail de planification et de coordination nécessaire à la vie de famille.

Exemples typiques de la charge mentale féminine :

  • Gestion des repas : anticiper les besoins alimentaires, faire les courses, préparer les repas.
  • Suivi des enfants : prise de rendez-vous médicaux, coordination des activités extra-scolaires, gestion des devoirs.
  • Organisation du foyer : planification des lessives, entretien de la maison, rangement.

Cette gestion invisible est chronophage et énergivore. C’est une charge qui, bien qu’invisible, pèse lourdement sur le bien-être des femmes. L’étude menée par Sarah Flèche, Anthony Lepinteur et Nattavudh Powdthavee montre que les femmes qui travaillent plus que leur conjoint sont souvent moins heureuses. Cette insatisfaction découle en grande partie de l’inégale répartition des tâches domestiques. Les femmes qui gèrent plus de tâches ménagères en plus de leur travail rémunéré ressentent un stress plus élevé, ce qui impacte négativement leur bien-être et leur satisfaction conjugale.

Un autre facteur aggravant est l’absence de flexibilité dans de nombreux emplois. De nombreuses femmes auraient besoin de plus de flexibilité pour mieux gérer cette double charge, mais cette option n’est souvent pas accessible, ce qui alourdit encore la charge mentale et pèse directement sur leur bien-être. Lorsqu’une plus grande part des tâches domestiques est assumée par leur conjoint, ces femmes parviennent mieux à supporter la charge de travail professionnelle, ce qui montre l’importance d’un partage plus équitable.

La charge mentale masculine

De leur côté, les hommes sont souvent soumis à une autre forme de charge mentale, liée à leur rôle traditionnel de soutien financier de la famille. Une étude récente montre que 70 % des hommes considèrent encore aujourd’hui que leur rôle principal est d’assurer la sécurité financière de leur foyer. Ce poids sociétal crée un stress significatif lié à la carrière et à la réussite professionnelle.

Principales sources de charge mentale chez les hommes :

  • Responsabilités professionnelles : objectifs à atteindre, surmenage au travail, stress lié aux performances.
  • Pression financière : sentiment de devoir subvenir aux besoins de la famille.

Les hommes ressentent une pression continue pour réussir dans le monde du travail, souvent perçue comme une source de validation sociale et personnelle. L’idée qu’ils doivent être les principaux pourvoyeurs de revenus contribue à un stress constant, et cette pression peut être particulièrement forte lorsque l’équilibre travail-famille est en jeu. Beaucoup d’hommes se sentent contraints de privilégier leur carrière même au détriment de leur rôle parental.

Avec la réforme du congé paternité en 2021, de nouveaux droits ont été accordés aux pères, leur permettant de s’impliquer davantage dans la vie de famille. Cependant, beaucoup hésitent encore à prendre l’intégralité de ce congé. La culture d’entreprise, notamment dans les secteurs traditionnels, reste peu encourageante pour les hommes qui souhaitent assumer un rôle parental plus actif. La peur d’être mal perçus ou de voir leur carrière freinée freine leur implication dans la sphère domestique.

Cependant, des signes de changement sont visibles. Depuis la crise sanitaire, le télétravail s’est largement démocratisé, permettant à de nombreux hommes de passer plus de temps à la maison et de s’impliquer davantage dans la vie de famille. Cette flexibilité a montré les avantages d’un partage plus équilibré des responsabilités domestiques, même si ce changement reste encore trop lent.

5. Comparaison de la charge mentale homme vs femme

Les différences entre la charge mentale masculine et féminine sont frappantes, mais elles partagent aussi des points communs.

Différences clés :

  • Responsabilités principales : Les femmes sont plus impliquées dans la gestion du foyer, tandis que les hommes sont davantage tournés vers la sphère professionnelle.
  • Attentes sociales : La société attend encore des femmes qu’elles assument la majorité des tâches domestiques, tandis que les hommes sont perçus comme les principaux pourvoyeurs de revenus.
  • Sources de stress : Les femmes sont plus susceptibles de ressentir un stress lié à la gestion du foyer et à la charge familiale, tandis que les hommes ressentent un stress plus intense lié à la performance professionnelle.

Cependant, tant les hommes que les femmes ressentent un stress intense lié à leurs responsabilités respectives. Les femmes doivent souvent jongler entre les exigences professionnelles et domestiques, tandis que les hommes ressentent la pression de réussir sur le plan financier. Cette inégale répartition des tâches explique pourquoi les femmes se sentent souvent surchargées. Comme l’ont démontré les recherches de Flèche et ses collègues, lorsque les tâches domestiques sont mieux réparties, les femmes tolèrent mieux le fait de travailler plus que leur conjoint.

Partager la charge mentale entre homme et femme

La question reste donc : comment alléger cette charge mentale et mieux la répartir au sein des couples ? Selon l’étude menée par Sarah Flèche et ses collègues, l’une des solutions réside dans le recours à des services domestiques externalisés, comme l’aide au ménage ou la garde d’enfants. Ces services permettent aux femmes de réduire le temps et l’énergie consacrés aux tâches domestiques, ce qui améliore considérablement leur bien-être.

Autres stratégies pour mieux partager la charge mentale :

  • Encourager une plus grande participation des hommes dans les tâches ménagères.
  • Modifier les rôles et comportements inculqués dès le plus jeune âge pour mieux répartir les responsabilités domestiques.
  • Promouvoir des politiques publiques favorisant l’égalité des sexes au travail et à la maison, notamment en valorisant les congés parentaux pour les hommes.

Mais au-delà des solutions pratiques, il faut aussi travailler sur les normes sociales. Les femmes se sont émancipées de leurs rôles traditionnels de femmes au foyer, mais les attentes sociales autour de la gestion domestique n’ont pas évolué au même rythme. Cette lente évolution alimente la charge mentale et maintient les inégalités.

Conséquences des normes sociales sur la charge mentale

Les inégalités liées à la charge mentale ne sont pas seulement une question de choix personnels ; elles sont aussi le reflet de stéréotypes de genre persistants. Comme l’ont montré Flèche et ses collègues, de nombreuses femmes continuent de supporter une répartition inégale des tâches par crainte de ne pas se conformer aux attentes sociales. Par exemple, certaines femmes réduisent leur activité professionnelle lorsqu’elles gagnent plus que leur conjoint, craignant que cela menace l’équilibre du couple.

Ce n’est pas seulement une question de conformisme ; c’est aussi la conséquence de normes profondément ancrées qui influencent la manière dont les couples perçoivent leurs rôles. Les femmes qui travaillent plus que leur conjoint témoignent souvent d’une vision plus égalitaire du couple. Pourtant, ces mêmes femmes sont aussi celles qui ressentent le plus fortement les effets négatifs d’un partage inéquitable des tâches domestiques. Cela crée une situation paradoxale où les femmes doivent concilier des valeurs modernes d’égalité avec des attentes sociétales traditionnelles.

 

La charge mentale reste un fardeau invisible mais omniprésent, touchant aussi bien les femmes que les hommes, bien que de manières différentes. Alors que les femmes portent encore aujourd’hui la majorité des responsabilités domestiques et familiales, les hommes subissent une pression considérable liée à leur rôle de soutien financier. Pour réduire cette charge, il est essentiel de partager plus équitablement les tâches au sein du couple et de remettre en question les normes sociales qui perpétuent ces inégalités.

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